Et si Gauguin revenait à Pont-Aven…

Voilà 3 ans qu’on attendait de découvrir le nouveau musée de Pont-Aven… et enfin le grand jour est arrivé ! L’équipement est à la hauteur de l’attente : repensé, plus grand, plus beau, plus moderne… l’émotion était au rendez-vous de cette redécouverte. Amoureuse de Pont-Aven, de son Histoire et de ses histoires, je me suis demandée ce que les artistes d’hier, souvent décriés, penseraient de leur notoriété d’aujourd’hui.

Ouvrir le musée de Pont-Aven le week-end de Pâques, quelle symbolique très forte ! C’est la résurrection après – non pas 3 jours – mais 3 ans de fermeture. Qu’en penserait Gauguin, le plus illustre des hôtes de Pont-Aven ? Serait-il le nouveau Lazare de Pont-Aven… lève-toi et marche dans les salles du nouveau musée. Et oui, s’il revenait telle la Belle au Bois Dormant sortie de son sommeil ? Passé le syndrome d’Hibernatus dû au choc des évolutions technologiques, comment verrait-il Pont-Aven, « ce petit trou pas cher » de Cornouaille, plus de 100 ans après son départ ?

Bigre ! Il y a sans doute autant de peintres à Pont-Aven au 21ème siècle qu’au 19ème mais beaucoup moins de bistrots. Les descendants de Marie-Jeanne Gloanec ne sont plus aubergistes mais, heureusement, je peux encore prendre le gîte et le couvert à l’hôtel que j’ai connu en 1894.

C’est bien vrai, mon bon ami ! Pont-Aven s’est résolument ancré dans sa vocation picturale avec des cours et initiations de peinture, plus de 60 galeries et expositions d’artistes et le musée. La ville offre encore un visage bariolé. Les artistes sont maîtres de leur commercialisation et tiennent boutique, Pont-Aven est incontestablement LA cité des peintres. L’hôtel des Ajoncs d’Or, où Gauguin a séjourné pour la dernière fois patientant que sa cheville cassée se répare, accueille encore les visiteurs, les rapins et les artistes ; toutes les chambres ont le nom d’un peintre de l’École de Pont-Aven. La Pension Gloanec est restée dans son jus – ou presque – et le parquet d’antan des chambres de l’étage résonne sous les pas des pèlerins de l’Art.

Diable ! Comment se peut-il qu’au mur les personnages s’animent sur une photographie, que l’eau de l’Aven coule entre les rochers, que les moulins se mettent à tourner ?

Et oui, c’est là le préambule de l’exposition permanente du musée, le visiteur est plongé dans l’ambiance visuelle et sonore grâce à des cartes postales anciennes modélisées en 3D pour percevoir la vie de la ville à l’époque.

vb_musée de pont-aven_macornouaille_1

Fichtre ! Voilà que de peintre maudit je suis porté au rang de maître et que tous les visiteurs sont mes élèves. Mais que d’indiscrétion, autant d’oreilles pour écouter mes confidences et états d’âme confiés à Vincent.

Plus interactif, le nouveau musée propose 7 dispositifs variés, complémentaires et originaux : audioguides, livre d’or numérique, lecture de la correspondance entre Gauguin et d’autres artistes, borne interactive, cartes postales animées, visites guidées et ateliers de pratique artistique. Véritables outils de médiation, ils sont répartis sur le parcours de visite.

vb_musée de pont-aven_macornouaille_2

 

Et si Gauguin revenait à Pont-Aven…

Évidemment celui qui interpellerait le plus Gauguin, c’est la borne interactive de la « Leçon du Bois d’Amour ». Leçon qu’il prodigua à Sérusier sur les bords de l’Aven en 1888. « Peins ce que tu ressens, pas ce que tu vois« , imaginez-vous dans la peau de Paul Sérusier peignant sous la dictée de Gauguin. Soyez tantôt le maître, tantôt l’élève.

Et si Gauguin revenait à Pont-Aven…

Saperlipopette, les murs sont aux couleurs du Talisman justement ! Vous voyez cet arbre jaune, peignez du plus beau jaune de votre palette avais-je suggéré à Sérusier en 1888. Voilà que j’ai été pris au mot dans les salles de l’exposition permanente.

Quoi de mieux que les couleurs de la dictée de Gauguin à Sérusier pour mettre en valeur les tableaux. La palette s’étend de bleus, au jaune, au rouge. L’architecture en alvéoles rappelle les chambres d’hôtel qu’était le bâtiment avant d’être un musée.

Ma doué beniget ! Les artistes ont repris leur place dans cet hôtel alors. Et tous styles confondus, ils cohabitent désormais, les querelles de peintres se sont tues.

Et oui, juste retour des choses. Julia Guillou, leur bonne hôtesse qui veillait si bien sur eux autrefois, porte désormais le nom de la place. L’hôtel, qu’elle a fait bâtir pour les accueillir, les héberge désormais à jamais. Belle symbolique.

Diantre ! Un tableau dans un jardin ! Si ce discret et mystique Charles Filiger avait pu imaginer qu’un aussi petit tableau « Paysage rocheux, Le Pouldu » aux couleurs de la campagne bretonne puisse être source d’une telle inspiration, aurait-il fait preuve d’une création aussi épurée et pourtant aboutie ?

Effectivement, la cour intérieure du musée est traitée en jardin pentu constitué de végétaux représentatifs des paysages bretons (bruyères, ajoncs, graminées…). L’architecte de l’Atelier de l’Île a su apporter son expérience en urbanisme et sa créativité en paysagisme pour détourner l’œuvre du peintre et la traduire. De la nature est né le tableau. Du tableau est né ce paysage.

Et si Gauguin revenait à Pont-Aven…
Paysage rocheux, Le Pouldu (C. Filiger) © Musée de Pont-Aven

vb_musée de pont-aven_macornouaille_5

Sacrebleu ! Moi qui vivait sans le sou, à crédit chez Marie-Jeanne ou Marie Henry et dans les cafés du bourg, j’ai la plus belle chambre de l’annexe de l’Hôtel Julia. Inaccessible de mon vivant faute d’argent, j’y ai aujourd’hui une chambre avec vue imprenable sur le village. Et que d’émotion d’admirer « Village breton sous la neige », tableau que j’ai emmené avec moi en Polynésie et conservé jusqu’au dernier jour. Ultime souvenir de mon passage à Pont-Aven où j’ai rencontré et échangé avec tant d’artistes qui m’ont aidé à trouver ma voie.

Rouge, c’est la couleur des murs de sa « dernière demeure à Pont-Aven ». Sans doute eut-il préféré le bleu de Prusse qu’il affectionnait pour les cernes de ses tableaux ; mais rouge, c’est bien, c’est la couleur de la passion et de la détermination… et il en avait. Pastels, gravures, sculptures, dessins et peintures, toutes les facettes du travail de Gauguin sont représentées. Pour l’ouverture, 2 œuvres du Musée D’Orsay ont pris place dans la « chambre » ; l’une de 1888 « Les lavandières » et l’autre de 1894 « Village breton sous la neige », premier et dernier séjour du peintre à Pont-Aven. Et, cerise sur le gâteau, une gravure des Volpini acquise aux États-Unis au Musée d’Indianapolis rejoindra bientôt la collection et le cabinet Gauguin. Vite ! Donnez-lui un portable, qu’il fasse un selfie devant son œuvre !

Gast ! Quelle belle revanche pour les exclus de l’Exposition Universelle de 1889 ! Les bannis réunis au Salon des Indépendants du Café Volpini ont leur musée.

Effectivement, les peintres de Pont-Aven n’avaient pas été admis officiellement comme les impressionnistes à l’Exposition Universelle. Le cafetier avait alors accepté de remplacer les décorations non arrivées par les tableaux synthétistes. Aujourd’hui, le Musée de Pont-Aven est le 1er musée au monde consacré à l’École de Pont-Aven. Il rassemble plus 4 500 œuvres et documents d’archives dans un écrin dont la surface a plus que doublé. Et au sortir du musée, les visiteurs ont cette chance d’être sur les lieux d’inspiration des peintres.

C’est un véritable trésor de l’histoire de l’art, la caverne d’Ali Baba de l’Ecole de Pont-Aven,

Alors, Sésame ouvre-toi !

Alors, Musée ouvre-toi !

 

Informations pratiques

Musée de Pont-Aven – Place Julia 29930 Pont-Aven

www.museedepontaven.fr

Saisons

Dates d’ouverture / Tarifs

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 14h00 à 17h30 (février, mars, novembre et décembre), de 10h00 à 18h00 (avril à juin, septembre et octobre) et tous les jours de 10h00 à 19h00 en juillet et août.

Office de tourisme

Office de tourisme de Pont-Aven


Encore plus d'articles

LOCALISEZ L'EXPERIENCE

Position GPS : 47.85526,-3.74683

Blogueur - Présentation

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.